Login

« J’enrubanne l’ensilage de maïs »

Florent (à gauche), éleveur du Nord, a décidé de faire appel à Éric (à droite), pour enrubanner le maïs ensilage afin d'éviter le gaspillage.

À Flines-lès-Mortagne dans le Nord, Florent Chevalier a fait le choix d’enrubanner son ensilage plutôt que le mettre en silo. Une solution lui coûtant 21 € par balle.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« La presse à poste fixe, c’est la plus grande révolution depuis le silo béton », plaisante Éric Jopart. Entrepreneur de travaux agricoles en Belgique, il a fait trois heures de route avec sa Vario Master V140 de Göweil pour venir en France à Flines-lès-Mortagne (Nord), chez Florent Chevalier. L’éleveur à la tête d’un troupeau allaitant a été séduit en voyant cette solution la saison passée, et tente cette année l’enrubannage de maïs.

Changer les traditions

Avec un total de 115 bêtes, le troupeau se compose de vaches allaitantes, de génisses et de taurillons. « Seuls les taurillons ont du maïs dans leur ration, à hauteur de 600 kg par jour au total. Jusqu’à aujourd’hui, il était stocké dans un silo béton à plat. Mais la quantité quotidienne est trop petite, le maïs s’oxyde rapidement, jusqu’à presque pourrir avant d’arriver à l’auge. » Voyant le gaspillage et une nourriture qui perd en qualité, Florent a cherché une solution.

C’est en allant voir un chantier d’ensilage en Belgique que l’enrubannage lui est apparu comme une réponse au problème. « La solution semblait parfaite pour la ferme. En ouvrant une balle tous les jours ou tous les deux jours, le maïs est frais, de meilleure qualité, et plus appétant pour les bêtes », poursuit Florent.

Une chaîne automatique

Lorsqu’Éric arrive sur la ferme, c’est là que se passe la tâche la plus difficile : « Le placement de la machine est très important et varie sur chaque exploitation. Il faut que les bennes soient proches pour que la trémie soit pleine en continu, tout en étant près du dépôt afin que le télescopique ait le temps de retirer les balles sortant de la presse. De cette façon, le débit de chantier est optimal puisque la presse n’attend jamais. »

Les programmes de la presse sont automatiques, Éric s'occupe de l'approvisionnement du plastique. Quatre caméras permettent de surveiller le travail. (©  Louis Duval/GFA)

Trois minutes seulement après être placée, la Vario Master est déjà dépliée, prête à accueillir la marchandise. Éric a déplié son timon et fait coulisser sa trémie sur le sol, faisant passer la longueur de la presse de 12 à 15 m.

Venues tout droit du champ, les bennes déchargent le maïs ensilé dans la trémie de 13 m³. « La trémie est très large, presque 4 mètres, ce qui facilite la mise en place de la remorque. » Sur toute la largeur, un convoyeur fait avancer la récolte lentement sur une légère pente. À son sommet, un convoyeur à doigts escamotables décompacte le fourrage pour le faire passer sur le convoyeur, dont la largeur correspond à celles des balles, soit 1,20 m.

Positionné sur la trémie, la benne reste levée et attend que la presse prenne la récolte. Une fois vide, elle retourne au champ. (©  Louis Duval/GFA)

Direction la presse pour l’ensilage, avec une arrivée par le haut. Le maïs tombe dans une chambre variable et se fait compresser par une seule courroie de 1,20 m de largeur. « La Vario Master a une chambre variable, confectionnant des balles de 80 cm à 1,40 m de diamètre. Pour l’ensilage, je règle le diamètre sur 1,15 m en général, ce qui fait des balles d’environ 850 kg ».

Une fois formée, la balle est liée par un film plastique sur toute sa largeur : « Il est possible d’avoir un liage ficelle, mais le film est beaucoup plus polyvalent pour les différentes cultures. Et puisque c’est du plastique, le tri lors de l’ouverture est plus simple. Pour gagner en débit de chantier, deux bobines de plastiques sont utilisées, la balle ne fait donc que 3 tours pour 6 épaisseurs. »

Deux bobines de film se suivent, afin de gagner quelques secondes sur chaque balle pour une meilleur débit de chantier. (©  Louis Duval/GFA)

Une fois la balle terminée, elle est éjectée par la presse et tombe sur une plateforme. Celle-ci coulisse sur deux mètres pour dégager la chambre qui se referme et recommence une balle. L’enrubanneuse prend le relais, avec deux bobines mobiles. La balle se fait recouvrir une nouvelle fois de six épaisseurs avant d’être déchargée. Éric doit autoriser le déchargement : « C’est une sécurité pour éviter un écrasement. J’ai une télécommande sur moi avec un bouton stop et un bouton déchargement. »

La balle est envoyée sur le retourne-balle qui la retient, puis la pose sur le côté plat. « Le retourne-balle est en option, je trouve ça pratique. Il est plus simple pour le télescopique d’attraper la balle, et cela évite aussi une déformation. »

A la sortie de la presse, la balle glisse vers l'enrubanneuse avant d'être déchargée par le retourne-balle. (©  Louis Duval/GFA)

Au volant du télescopique, Florent prend la balle et la déplace vers le dépôt. Il peut recommencer ainsi chaque minute, la machine ayant un débit d’une balle pour 50 secondes lorsque l’on écarte les moments creux où Éric change les rouleaux de film. En 4 heures, 200 balles sont sorties pour un total de 168 tonnes d’ensilage. La prestation est facturée 21 € la balle (film et déplacement compris).

Un entretien facile

Après chaque utilisation, Éric s’équipe d’un souffleur dorsal pour nettoyer grossièrement « Il n’y a pas grand-chose à nettoyer puisque le maïs ne salit pas beaucoup. En plus de ça, un tapis roulant sur le plancher de la machine récupère toutes les pertes, ramenées dans l’élévateur. Les seules pertes sont minimes, au niveau de la trémie .»

Un souffleur dorsal permet de retirer le maïs restant sur la Vario-Master à la fin du chantier, une solution facilement transportable. (©  Louis Duval/GFA)

L’huilage et le graissage sont centralisés et automatiques, remplir les réservoirs est donc suffisant. Une vidange hydraulique en revanche est nécessaire au cours de l’année, puisque la presse utilise son propre circuit : « L’entraînement se fait par prise de force et ne nécessite que 120 ch. J’utilise un plus gros tracteur pour le trajet, puisque la machine fait quand même 20 tonnes. Sinon, le tracteur donne de l’hydraulique uniquement pour le timon, le reste est géré par la prise de force qui active une centrale hydraulique. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement